Plafond de la maison du maître

L'usine électrique Sainte Thérèse à La Forge

En 1897, sur l'emplacement de l'ancienne forge dont il utilise la chute d'eau, Julien Valat crée une petite usine électrique pour fournir l'éclairage des lieux et, grâce à une pompe qu'elle actionne, assurer la distribution d'eau au château et à ses dépendances. Cette petite usine, d'intérêt privé et familial, avec sa turbine d'une vingtaine de chevaux accouplée à une dynamo à courant continu, ne va pas tarder à prendre de l'importance.

La municipalité de Souillac souhaitant bénéficier de l'éclairage électrique, demande à M. Valat de le lui fournir. Pour cela la municipalité s'engage à lui consentir une concession de monopole de fourniture pour une période de 33 ans, à partir du 15 août 1900.

Julien accepte et fait transformer sa petite installation pour lui donner une puissance en rapport avec l'importance de la concession.

Il fait surélever de deux mètres les murs du canal de retenue et approfondir la « défuite » (évacuation). Il obtient ainsi une chute d'eau de 6 mètres qui permettra à la turbine, après de sérieuses modifications, de développer dans les 40 chevaux de force.

Comme il faut transporter le courant à 5 km, distance de La Forge à Souillac, à côté de la dynamo à courant continu, il fait placer un alternateur triphasé de 2000 volts, haut voltage évitant des déperditions en ligne et permettant des fils de transport de plus faible diamètre.

Pour parer à un éventuel manque de force en période de basses eaux, il fait construire, non loin de l'usine, un gazogène à anthracite.

L'usine comprend donc :

  • 1) la salle des machines
  • 2) le gazogène
  • 3) un atelier de réparation

La ville de Souillac est reliée à l'usine par une canalisation à 3 fils posée sur poteaux en bois. Sur ces mêmes poteaux, un téléphone particulier relie La Forge à Souillac.

Face à une progression de consommation, Julien doit augmenter la puissance de son usine.

Il achète en 1911 un second alternateur de 60 CV, et remplace le moteur à gaz par une machine à vapeur de 80 CV, brûlant du charbon à longue flamme. Cette machine très souple doit actionner les dynamos, soit seule soit accouplée à la turbine.

Par cette acquisition, Julien pense avoir mis son usine définitivement au point. Malheureusement, moins d'un an après, elle est détruite par un incendie. La machinerie a été sauvée ou n'a été que légèrement détériorée.

Quant à l'immeuble, Julien en profite pour le faire reconstruire et aménager dans les meilleures conditions possibles : charpentes en fer, avec intervalles garnis de briques, baies larges et hautes sur les côtés et verrières à la toiture. Il fait installer un pont roulant pour soulever et déplacer les machines et complète le tout par un tableau de distribution, établi sur les plus récentes données scientifiques.

Ce travail de reconstruction et de réaménagement est réalisé rapidement, et le 15 août 1913, l'usine est de nouveau mise en marche et peut assurer, mieux encore, l'éclairage de Souillac.

En 1926, Robert, le fils de Julien, en prend la direction.

Ses connaissances d'ingénieur électricien lui font mener à bien son travail, tant du point de vue pratique que financier : l'usine qui rapportait 15 000 F en 1910, 60 000 F en 1925, en rapporte près de 250 000 F en 1930.

Pourtant, par acte du 1er octobre 1930, il cède à l'Union Électrique Rurale son droit de concession d'éclairage, que la ville de Souillac lui avait renouvelé pour une période de 35 ans.

L'usine de La Forge, avec tout son matériel, reste sa propriété.

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